Depuis 2 ans, je ratais le darshan d’Amma en France. Je développe ma spiritualité depuis des décennies (oui on ne rajeunit pas), mais je n’avais pas pris conscience de l’importance de cette expérience. Je ne pouvais même pas imaginer les changements que ce câlin provoquerait en moi.  Cette année, il était hors de question de ne pas vivre cette rencontre ! Je suis donc allée à Pontoise les 20 et 21 Octobre 2015.

Darshan, me voilà !

Arrivée devant le parc des expositions à 8h00, nous sommes déjà très nombreux.
Je prend alors ma place dans la longue file d’attente. La distribution gracieuse de thé chaud et de brioches par les bénévoles souriants rend l’attente plus agréable.
A l’entrée, un bénévole me demande si j’ai déjà vécu le darshan.

– « Non ! C’est la première fois ! »

Il me guide vers une file d’attente et je découvre que les gens passent par ordre de « priorité » :

  • ceux qui n’ont jamais vécu le darshan
  • ceux qui n’ont pas pu passer la veille
  • ceux qui l’ont vécu une autre année
  • ceux qui l’ont vécu les jours précédents

Cet ordre permet de donner à tous la chance de rencontrer Amma. Et 20 000 personnes en 3 jours, il faut être organisé ! Nous avons été immédiatement encadrés par les bénévoles qui nous montrent où accrocher nos manteaux, quelle file suivre, quelle main tendre pour avoir notre fameux petit ticket sésame du darshan.

On vous prévient : ticket perdu = darshan foutu!
Alors on en prend soin!
Dans le grand hall, les chants indiens flottent dans l’air, les odeurs d’encens, de rose et de nourriture indienne m’envahissent, je voyage déjà.  Je serre fort la main de mon amie pour ne pas nous perdre dans la foule.
Les mains et les sourires des bénévoles nous guident jusqu’aux chaises, face à la scène surplombée d’un écran géant. Il est 8h30 du matin, Amma doit arriver vers 10h00. Nous en profitons pour aller boire un thé et voir à quel point tout est bien organisé. Le coin des repas et boissons, les stands de renseignements sur les différentes activités de Embracing The World, son ONG, et le coin des achats. On y trouve des saris, des livres, bijoux, photos, pierres… Toutes ces ventes permettent de faire vivre l’ONG. Les bénévoles souriants expliquent, répondent aux questions et guident.

La seule question qui n’a aucune réponse est  : « A quelle heure vais-je passer ? »
Ici, le temps n’existe plus vraiment.

Amma arrive !

Amma arrive, on gigote tous sur nos chaises pour l’apercevoir. Une petite cérémonie a lieu avant qu’elle monte sur l’estrade et s’installe. La première chose que l’on voit chez ce petit bout de femme dans son sari blanc, c’est son visage illuminé par un grand sourire. Les enfants montent sur scène, lui sourient et s’installent, observent, gigotent. Amma a une relation incroyable avec les enfants, elle fait des signes à ses assistants comme pour leur dire :

« Mais laissez les faire ! »

La méditation d’ouverture commence, et je suis déjà transportée, les « OM » font vibrer la salle. Les yeux fermés, je me laisse flotter, et soudain la voix grave et chaude d’Amma s’élève. Quelque chose en moi réagit, je me sens bien. La méditation terminée, le darshan commence. Individuel, en couple, ou en famille, les gens et les câlins défilent. Sur l’écran, je vois ce nouveau né tout crispé qu’elle attrape dans ses bras, elle frotte son nez sur ses joues, le bébé se détend instantanément. Les gens rient, pleurent et elle suit leurs émotions. Elle les serre fort puis les relâche. Je regarde fascinée, j’ai à la fois hâte de le vivre et  une appréhension : et si je ne ressentais rien?

Le darshan, un cheminement…

On se balade dans les allées, les gens parlent, méditent, font du yoga… Certains dorment, ils sont là depuis l’aurore. Les enfants font des acrobaties, jouent, courent, et de rares petits pleurent. Les bhajans (chants dévotionnels) nous hypnotisent, mais l’odeur du curry nous tire de notre transe ! A table !
Après notre délicieux déjeuner indien, notre couleur de ticket est enfin appelé. Il est 15H00.
C’est reparti pour faire la queue et obtenir un autre ticket qui indique notre ordre de passage. Notre tour arrive, une colonne de 2 chaises nous attend et j’avance de siège en siège. On nous distribue un papier pour nous expliquer comment faire, et aussi qu’Amma s’excuse, elle voudrait passer plus de temps avec chacun d’entre nous. Arrivée sur la scène, les chaises sont les unes derrière les autres… J’avance. Je ne la quitte plus des yeux.

On me demande quelle est ma langue maternelle et on me fait mettre à genoux. Les bénévoles nous expliquent comment se laisser faire pour recevoir au mieux le darshan. C’est mon tour. Elle me regarde, m’attire à elle, me serre fort. Elle sent les roses et l’encens. Elle me parle doucement et c’est comme une berceuse. Mon coeur s’ouvre, je suis un nouveau né heureux, collé au ventre de ma mère. Puis j’ai la sensation d’être arrachée à elle. Elle me glisse quelque chose dans la main, je m’y accroche comme à un doudou. Certains restent sur la scène, pour reprendre leurs esprits, ou profiter de ce moment. J’en fais parti, émue, les larmes aux yeux, complètement flottante, j’ouvre mes doigts : un pétale de rose et un bonbon.

DARSHAN Amma
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Nous avons mis 4 heures à rentrer de Pontoise (je ne vous fais pas l’apologie des transports en commun…) mais c’était ok, ça n’avait plus vraiment d’importance. ça devait être vécu comme ça.

Cette expérience est assez indescriptible et personnelle, chacun y trouve ce dont il a besoin. Moi j’y ai trouvé une renaissance. Un passage de l’enfant à l’adulte. Une confiance en mes ressentis et ma spiritualité. Une compréhension de l’amour inconditionnel.

Le lendemain, je n’ai pas pu refaire le darshan, mais j’ai eu le privilège d’être installée sur la scène prés du fauteuil d’Amma. J’ai ri, pleuré, les émotions déferlaient comme des vagues. Je ne contrôlais rien, et j’ai pris le parti de me laisser transporter par cette expérience. J’avais l’impression d’être une algue qui suit le courant de son empathie. Certaines personnes arrivent avec le sourire aux lèvres et elle sourit.

D’autres sont plein de souffrance, je l’ai vu versé une larme en les serrant un peu plus fort. Sans juger, je ne comprenais pas les gens qui se prosternaient devant elle. A ce moment là, j’ai compris. On ne se prosterne pas devant un être humain. On se prosterne avec humilité face à l’amour inconditionnel.
J’ai flotté pendant quasiment une semaine. Pour la première fois de ma vie, je me suis sentie en harmonie avec le monde, dans son rythme. Je suis plus attentive aux signes, aux synchronicités, aux autres. Bien sûr, qu’on reprend son quotidien, et sa vie concrète. Mais quand les choses me blessent, je me connecte à Amma et mon coeur s’ouvre à nouveau. Oui la vie est dure mais Dieu qu’elle est belle ! Je suis plus attentive envers les gens. Aider c’est parfois juste tenir une porte, sourire à quelqu’un qui à l’air triste, dire bonjour. Ne plus être coupé des autres, mais j’apprends à le faire en faisant attention à moi, à mes propres besoins, ma sensibilité. Amma apprend aussi à devenir responsable de sa propre vie, de ses actes, arrêter le « c’est à cause de… » J’avais déjà cette philosophie : remercier l’univers pour les belles expériences et les mauvaises, car tout est leçon. Ma rencontre avec Amma m’a conforté dans cette idée. Etre dans la gratitude de tout ce que l’on vit.

J’espère avoir réussi à vous décrire la beauté et la puissance de mon expérience, de mon vécu. On m’a dit qu’Amma plantait des graines en nous, et qu’elles fleurissaient de manière différentes suivant qui nous étions. Alors si vous avez envie de partager votre propre expérience ou votre curiosité face au darshan, n’hésitez pas. Créons ensemble un sublime jardin de partage.