Je viens de lire tout récemment un livre intitulé « Quand les thérapeutes dérapent » de Baudoin Labrique.

Ce livre parle globalement des thérapeutes de la médecine conventionnelle et non-conventionnelle et de leurs pratiques. L’auteur explore les dérapages qui aujourd’hui entâchent la médecine conventionnelle avant de s’attaquer aux dérapages du coté des médecines douces ou des nouvelles thérapies. De ce côté, sont explorées : décodage biologique, kinésiologie, constellations familiales, psycho-généalogie… par contre l’auteur rappelle que ce n’est pas la technique qui est déficiente mais la méthode du thérapeute qui dans la dérive impose sa vision au consultant.

De nos jours, des émissions comme CAPITAL ou Envoyé Spécial (pour ne citer que les plus grands programmes de reportages français) nous montrent l’envers du décor du côté des médecines douces, des médecines non conventionnelles. De ce côté-là, il y a effectivement à boire et à manger, tant en termes de techniques thérapeutiques, que de postures inadéquates.
Et les médias aiment mettre en garde le spectateur vis-à-vis de ces pratiques thérapeutiques parallèles et non conventionnées. En France, nous sommes particulièrement vigilants, peut-être un des pays d’Europe avec la Belgique des plus vigilants sur ce point. Nous craignons à la dérive sectaire, et à la prise de pouvoir du consultant par le thérapeute. Tout ceci pour le meilleur et pour le pire (lire ici), le livre est intéressant à lire parce qu’il montre les dérapages des deux bords.

Je ne voulais pas faire une fiche de lecture sur ce livre néanmoins je voulais plutôt raconter une aventure très récente  qui montre un dérapage d’un médecin généraliste conventionné qui fait de la médecine non-conventionnelle.
Un des principes de la médecine défini par Hippocrate, (ça date !!) : « D’abord, ne nuire en rien. » est parfois bafoué.
En latin : « Primum Nil Nocere »

Voici ma petite histoire :
En fin de week end, dans un faux mouvement, mon dos se bloque. Je sens que quelque chose s’est déplacé dans ma colonne vertébrale, une vive douleur s’installe entre mes omoplates. Mes cervicales sont bloquées et il m’est impossible de tourner la tête. Pour finir le tableau, je n’arrive pas à respirer à fond.  Après une nuit de 3 h00 (la position allongée m’est insupportable), un article de blog, un livre en podcast, le matin arrive enfin et je prends rendez vous chez ma chiropractrice pour l’après-midi. Cric-Crac, elle m’annonce que je me suis déplacée une côte. Cric-Crac, les vertèbres thoraciques sont parties en quinconce. Crac-cric, mes cervicales ont joué aux Osselets et mes lombaires n’ont pas tenu. Hop ré-alignement. Je rentre chez moi. Elle m’a prévenu, je suis en état d’inflammation, je vais avoir mal un petit moment, le temps que le corps se réorganise.

Mardi. Au travail. Aïe J’ai mal et je suis fatiguée car je n’arrive pas a dormir. L’impression que mon corps se disloque.
Mercredi. Au travail, j’assure un rendez-vous le matin et je rentre chez moi, passant par la case médecin généraliste pour lui demander un AT.

Pour tout vous dire, j’y vais rarement chez le médecin sauf en cas d’accident ou de besoin d’une ordonnance pour un spécialiste. J’ai la chance d’avoir une constitution plutôt robuste. Enfin pas pour longtemps si je fais pas gaffe à qui je donne ma confiance.

Le mec, c’est un médecin généraliste, qui fait aussi acupuncture et mésothérapie. Il est également inscrit comme ostéopathe sur le site de la mairie. Mais je ne suis pas sûre qu’il ait réellement acquis cette spécialité.

Pour en revenir à mon cas, il ne pratique aucune anamnèse (interrogatoire pour recueillir les symptômes, dégager l’origine et la demande du patient et établir un diagnostic), note un diagnostic erroné à la va-vite sur mon AT (Lombalgie, alors qu’il s’agit d’une dorsalgie) et me propose une séance de mésothérapie pour soulager la douleur. J’accepte pensant que ça ne pouvait pas être pire.
Je lui demande quel produit il met dans son mélange et me répond de manière évasive. Je ne suis pas rassurée.
Il me pique sur les bords de la colonne vertébrale. J’ai mal.
Il me donne une ordonnance en me disant de lui ramener des produits qu’il n’a plus et me dit de revenir dans 2 jours.

En passant à la pharmacie, le pharmacien m’apprend que ces produits sont pris en charge par ma mutuelle et que j’ai de la chance. (!!!) Ces produits ne serviront pas à mon traitement car le médecin les mettra dans son stock. J’hallucine. Il a fait son shopping avec ma mutuelle.
Au deuxième rendez vous, avant même de me demander comment je vais, il met son terminal de paiement devant moi : 33 euros s’il vous plait.
Je lui dis que je vais encore plus mal que la dernière fois. Il est surpris. Il ne se souvient plus de mon dossier.

Je m’attend a une anamnèse un peu plus fouillé mais rien. Installée sur sa table, il appuit avec ses deux mains sur ma colonne vertébrale plusieurs fois comme s’il cherchait à me faire craquer.
Mais qu’est ce qu’il fait !?
Puis la séance de mésothérapie, je hurle de douleur à chaque piqûre. Il est à nouveau surpris et essaye de réorganiser son mélange.

Je rentre chez moi, au plus mal. Je ne suis plus que douleur une fois les produits analgésiques éliminés.

Depuis, une ostéopathe m’a permis de récupérer un peu de mobilité mais elle m’a aussi  fait remarqué les bleus sur les bords de mon rachis provoqués par la méso…
Bravo.

D’abord, ne nuire en rien.
On pourrait me dire : Mais pourquoi tu n’as rien dit ?
Sans doute parce que j’étais dans un état de vulnérabilité important, la douleur rend fou et on espère vraiment qu’on va nous l’enlever. On veut faire confiance, on veut y croire. Dans cet état de vulnérabilité, les thérapeutes mal formés ou négligents peuvent nous nuire.

Il aurait pu demander une radio, vraiment chercher à comprendre mais il a préféré facturer son acte avant tout. 12 minutes de consultation.
Aujourd’hui, je vais mieux mais les douleurs persistent.

En conclusion, je vous recommande de bien choisir votre thérapeute ou professionnel de santé. Il doit faire preuve de bienveillance et d’écoute active. Ce sont des pré-requis obligatoires.
On a encore le pouvoir de choisir nos thérapeutes de santé alors faisons le en conscience, car c’est au moment ou nous sommes le plus vulnérable que nous avons le plus besoin de leurs compétences.