Suite à la sortie du livre « Marguerite, La vache pleine de conscience » aux éditions Michel Jonasz, j’ai eu la chance et la joie d’interviewer Michel Jonasz.
Qu’est ce qui peut pousser un artiste complet et investi, à devenir éditeur de livres de développement personnel et de spiritualité ? C’est ce que j’avais envie de découvrir avec cette interview qui fût un échange riche et passionné autour de la spiritualité.

Je remercie particulièrement les travailleurs de l’ombre, Géraldine et Thierry, qui m’ont permis d’atteindre cet artiste à l’agenda très rempli. Un grand merci du fond du coeur !

On connaît votre oeuvre artistique mais je pense que peu de gens savent que vous avez une maison d’édition. Qu’est ce qui vous a donné envie de vous lancer dans l’édition de livres de développement personnel ?

C’est une histoire particulière.

Je m’étais inscrit à un stage de yoga qui durait une dizaine de jours, à la campagne. Le professeur de yoga à la fin de chaque séance nous lisait un texte. Un texte que je trouvais beau et utile pour notre évolution et notre développement personnel. C’était comme des leçons de vie. Il nous faisait comprendre que c’était des textes qui étaient « reçus » par quelqu’un, du Channeling.

Un jour, cette personne est venue nous rejoindre car elle était amie avec le professeur. Elle a participé avec nous aux séances de yoga, puis à un moment, d’ailleurs à deux reprises, on a vu qu’elle s’agitait.  Elle était en train de recevoir un message et donc il fallait vite brancher un magnétophone !

Elle parlait. Et voilà, ça venait d’elle sans venir d’elle. C’était assez impressionnant parce que moi qui suis également comédien, je me suis dit : si cette femme improvise, c’est vraiment balèze, si elle triche, si elle nous fait croire que c’est un message qu’elle reçoit, c’est balèze voire même incroyable car il n’y avait pas une virgule à changer !

J’ai été vraiment impressionné par ces deux captations de messages. Le premier, c’était un message de Saint François d’Assise. Avant qu’il ne parle à travers elle, elle nous a décrit la ville d’Assise avec ses hauteurs, ses parfums, les montagnes au loin… on était vraiment dans un film ! Et ensuite Saint François d’Assise s’adresse à nous, en nous appelant, petit frère, petite sœur, et il nous parle !

Il y avait aussi une femme qui s’appelait Claire d’Assise, c’était peut-être l’amie de Saint François d’Assise, je ne sais pas. Elle s’est mise d’un seul coup à chanter et vraiment c’était des musiques et un texte d’une autre époque. J’ai trouvé ça très impressionnant et puis d’un seul coup vient se mêler à ça : Milarepa. Et ça n’a rien à voir ! C’est même une autre époque !

Cet aller-retour entre Milarepa et Saint-François d’Assise m’a vraiment impressionné.

Pus tard, j’ai fait connaissance avec cette femme, Claire Montello, et nous sommes devenus amis. Un jour, on lui  a dit qu’il fallait qu’elle édite ses textes mais elle ne savait pas comment faire. Je lui ai proposé de m’en charger. J’ai fait 23 démarches auprès d’éditeurs spécialisés dans le développement personnel et la spiritualité. A chaque fois, j’étais accueilli avec des réticences : moi je trouvais ces textes très beaux mais on me répondait qu’il fallait couper ceci ou cela et pour moi c’était impossible ! J’ai fini par créer une maison d’édition pour pouvoir éditer ces textes. C’était il y a plus de 10 ans.  Ce sont les premiers livres que nous avons édités : Paroles d’éveil 1 & 2 de Claire Montello.

Vous éditez 1 à 2 livres par an. Le dernier, la vache pleine de conscience est un petit bijou. Pourquoi cette limitation ?

On en édite pas beaucoup car nous sommes une toute petite maison d’édition avec peu de moyens. Caroline Liborio s’occupe de l’édition avec moi et nous sommes un peu difficiles en ce qui concerne les manuscrits que nous recevons. On ne veut pas que ce soit trop ésotérique, réservé à des initiés et c’est vrai que la vache pleine de conscience c’est un petit manuel très pratique facile à utiliser et très simple.

livre marguerite agnes gret
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J’ai lu que vous fonctionniez au coup de cœur pour choisir vos manuscrits, y a-t-il des des thématiques vous séduisent plus que d’autres ?

A titre personnel, je suis beaucoup intéressé par tout ce qui touche aux médecines douces, à l’art de la guérison mais nous n’avons pas reçu de choses très intéressantes dans ce domaine là. En même temps, tout compte dans une histoire d’évolution donc on est très très ouvert. Si vous entrez dans un magasin ésotérique, vous aurez 10 000 bouquins de Channeling. Il y a des murs entiers de gens qui disent qu’ils reçoivent des messages de telle entité, de tel ange, etc… cet aspect là un peu magique et mystérieux,  ça ne m’intéresse pas du tout, ça m’est complètement égal et ça ne m’impressionne pas.
J’ai été impressionné lorsque j’ai vu ce qui se passait avec Claire car le message lui-même était beau. C’est cela qui est intéressant : Est-ce que le texte que la personne vous transmet vous est utile, vous fait-il avancer, évoluer, grandir ? C’est le but de votre blog, pour moi c’est pareil. Lorsque je lis des textes je me demande : est-ce que ça me fait du bien, est-ce que ça m’aide à avancer sur mon chemin ?
C’est ça, le critère de sélection.

Esotérisme, développement personnel, spiritualité… N’a-t’on  pas tendance à tout mélanger dans ce type de littérature ?

Effectivement ! C’est un grand panier de crabe depuis le début !
Moi, j’ai commencé à lire des bouquins comme le matin des magiciens lorsque j’avais déjà 18 ans. Dans tout ce monde de la pseudo New Age, on trouve tout et n’importe quoi, mais ce n’est pas très grave. Moi aussi, j’ai essayé des choses et après je me suis dit que c’était vraiment n’importe quoi !
La contradiction énorme qu’il y a dans ce genre de milieu c’est qu’ il y a beaucoup d’ego. Beaucoup d’ego et de pouvoir ce qui est complètement contradictoire avec une vie spirituelle qui essaye justement de se détacher de l’ego, sans le renier  pour autant. C’est un monde qui nous ressemble et on fait son chemin. Je crois qu’il n’y a pas de hasard. Sri Aurobindo a dit qu’il y a autant de yogas que d’individus. Tout a un sens : on va trouver quelque chose qui va nous correspondre, on va être appelé vers une activité particulière, une expérience à vivre, une rencontre et puis parfois, sur le chemin, on se rendra compte qu’on s’est trompé et à d’autres moments on trouve quelque chose. Nous, les habitants de la planète, nous sommes tous des chercheurs mais il faut avoir du discernement, bien sûr.

Votre logo est une baleine. Y a-t-il un sens particulier à la baleine ?

Oui dans la Bible, Jonas a été avalé par une baleine. <Rires>.
C’est une histoire importante ! Moi quand j’étais petit, à l’école, on m’appelait Jonasz, la baleine. Vous voyez la relation entre Jonas et la baleine. C’est pour cela que j’ai repris la baleine pour le logo.

edition michel jonasz
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Avez-vous toujours été intéressé par le développement personnel, l’évolution ? Avez-vous toujours cherché à vous développer ?

Oui j’ai toujours cherché depuis je suis môme.
J’ai senti qu’il y avait des choses qu’on ne me disait pas, qu’il y avait un « invisible » qui existait et que je n’étais peut-être pas capable de le percevoir avec mes sens. Là, je le dis avec mes mots d’adulte, alors que c’était plutôt comme une intuition, comme quelque chose de possible. Cela m’a toujours toujours guidé et j’ai cherché. Dans ma vie, il y a eu des moments plus importants que d’autres, il y a eu des rencontres plus importantes que d’autres. C’est un chemin.
Il y avait ces bouquins avec les couvertures noires : « la vie après la mort » et autres sujets de ce genre… C’était une collection qui m’intéressait par rapport à l’intuition que j’avais. Il ne s’agissait pas de fuir ce monde, non, ce qui m’intéresse, c’est ce que je ressens avec mon corps. La vieille idée selon laquelle « le corps est un véhicule de l’âme », ça, ça ne m’intéresse pas ! C’est très possible mais ça mène à quoi ? Ce qui m’intéresse c’est que si on m’a donné un corps, ce n’est pas pour rien. Qu’est-ce que je ressens ? qu’est-ce que je peux en faire ? comment on évolue ? etc…

Quels moments ou rencontres ont été importants pour  vous ?

J’ai essayé beaucoup de choses, des retraites de Yoga, des séminaires de guérison, etc…   La vraie rencontre que j’ai faite sur ce plan là, c’est Sri Aurobindo et Mère (Mirra Alfassa). Il y a eu un coup de foudre, c’est même encore plus fort que cela, c’est un choc. J’ai aussi vécu la période New Age où on se réunit entre copains et on refait le monde toute la nuit. On parle de dieu, on se pose des questions philosophiques sur l’existence mais qu’est-ce que c’est l’évolution ? c’est quoi évoluer ?
Sri Aurobindo et Mère, avec des mots quelquefois un peu complexes m’ont fait comprendre que l’homme n’est pas le sommet de l’évolution, qu’il y a une étape après. C’est là que c’est intéressant, c’est pas fini l’évolution !!! Alors, comment faire pour participer à cette évolution ? Parce qu’il y a bien une évolution qui est en marche !
Tout le monde n’y croit pas. Moi je suis juif et les juifs ne croient pas en l’évolution. Ils pensent que Dieu a créé l’homme à son image et c’est tout. Donc il n’y aurait pas d’évolution pourtant on sait qu’il y a quand même eu un poisson qui est sorti de l’eau.
Est-ce qu’il y a une prochaine étape ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire de l’homme après l’homme ? C’est quoi la prochaine étape ? Voilà ce dont parle l’aventure de la conscience, les écrits de Sri Aurobindo et de Mère. Si vous ne l’avez pas lu, je vous le conseille fortement. Les gens qui font du yoga prennent un chemin, le yoga est un outil vers quoi ? Quel est le but ? le nirvana, la paix intérieure ? Mais ça c’est le début, ce n’est pas la fin c’est à partir de là que ça commence à devenir intéressant.

Qu’est ce que la spiritualité ? S’agit-il de trouver sa place dans la vie, d’être en accord avec ses valeurs où il s’agit  d’autre chose ?

Oui ça c’est la base.
Mais l’histoire de la spiritualité c’est la question suivante : est-ce qu’on a la foi ou pas ? Réussir sa vie, avoir des valeurs, être un bon être humain, être gentil avec tout le monde, c’est la base. Si on a la foi, qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’est-ce que ça représente ? C’est quoi le but d’avoir la foi ? Prier toute sa vie et mourir heureux ?!? On arrive sur terre pour vivre 70, 80 ; 90 ans dans le meilleur des cas,  on connaît des petits bonheurs et des petites joies et on garde le nez sur les livres religieux. C’est cela ? Mais ce n’est pas possible !
Toutes ces années d’évolution pour arriver à ce résultat ?!?
Les valeurs de fraternité, d’humanité etc. C’est très bien mais à mon avis la spiritualité ce n’est pas cela. C’est avoir des questions qu’on se trimballe.
Je m’interroge sur cette étape de l’homme après l’homme dont parle Satprem, moi c’est ça qui m’intéresse. J’ai interrogé des hommes de religion et ça m’a fait marrer. Un jour, j’ai eu un prêtre au téléphone et j’ai posé des questions  :
–  » Est-ce que Dieu est le Tout ? »
–  » Oui  »
–  » Est-ce que Dieu est le mal ? »
–  » Non  »  alors là je ne comprends plus…
Ils sont embêtés lorsqu’on leur pose des questions comme ça….
J’ai écrit une pièce de théâtre qui s’appelle Abraham. Elle raconte l’histoire de mon grand-père maternel, juif déporté, cantor dans les synagogues. J’ai interrogé les rabbins sur l’histoire du peuple juif et il y avait souvent des contradictions. D’ailleurs, il y a souvent des contradictions dans l’histoire humaine. Comment voulez-vous qu’un poisson comprenne la vie des hommes ? Pour un poisson, la vie en dehors de l’eau, c’est la mort. Comment parler de la spiritualité avec notre niveau de compréhension ?
On ne peut dire que des banalités lorsque l’on parle de  spiritualité. Attention, ce n’est pas une critique,  cela s’explique. Le développement du mental a été une étape cruciale dans notre évolution mais désormais l’évolution est en dehors du mental, le mental représente même un obstacle.
Pour en revenir à la foi,  c’est quelque chose qui ne peut pas s’expliquer.
J’ai eu la foi très tôt, lorsque j’étais môme. C’est inexplicable parce que je n’ai pas du tout été élevé dans un milieu religieux, ni aucune tradition religieuse. On est dans l’inexplicable dans ce domaine-là ou alors on ressasse des banalités et on peut y associer des choses qui n’ont rien à y faire.

spiritualité michel jonasz
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On trouve des contradictions dans les religions ; ce que vous expliquez de la foi serait en réalité une recherche de la vérité ?

Exactement. C’est une histoire vieille comme le monde de se servir de la religion pour faire peur aux hommes et pour avoir un pouvoir sur eux. Bien sûr, on le sait. Ce n’est pas du tout cela la religion,  la religion c’est être relié au divin. Mais, ça veut dire quoi être relié au divin ? C’est prier, dans sa chambre, un Dieu qui est là-haut ? C’est ridicule.

Selon la physique quantique, il semblerait que la conscience ne soit pas produite par le cerveau mais qu’elle est en dehors, autour de nous. Qu’en pensez-vous ?

Oh bah ça vous savez, on le sait depuis toujours.
Vous lisez les vieux écrits, d’il y a 5000 ans sur les Vedas indiens, c’est déjà là. C’est dans toutes les racines des religions ésotériques, c’est ce qui n’est pas encore exprimé, exploité, dévoilé, c’est la vérité des choses. Tout cela est relié. Je n’ai pas lu de livres sur la physique quantique. Mais lorsqu’on en a la conviction sans avoir été un scientifique, on est pas étonné lorsque la science nous dit peut-être que, effectivement, etc… Et oui, on le sait déjà ! C’est comme lorsqu’on l’on va voir un médecin et qu’on lui demande si les pensées ont une action sur le corps et il va répondre « oui… peut-être » Par contre si on lui demande si un médicament placebo fonctionne, il répondra oui !

Est-ce que les mentalités sont en train de changer à propos du développement personnel  et de la spiritualité ?

Il y a une image qui a été employée très justement par Satprem qui a beaucoup écrit sur Sri Aurobindo et que je trouve très belle. Peut-être que ce n’est qu’une image, un symbole et ce n’est peut-être pas une réalité mais, peut-être qu’un jour il y a eu un poisson qui était dans l’eau et que son marais s’est desséché. Il fallait qu’il trouve une autre aspiration pour survivre. Par la force des choses, il est sorti de l’eau et c’est comme ça qu’il y a des sauts dans l’évolution. C’est peut-être la nécessité, peut-être qu’on est aujourd’hui dans une nécessité pratiquement vitale de respect de l’environnement, de respect de la planète. Il y a de plus en plus de gens qui ont cette soif d’un nouveau possible sans avoir quelle forme cela pourra prendre. Ils ont envie de vivre différemment, de faire attention à ce qu’ils mangent, etc.
D’ailleurs, cette soif peut faire prendre des chemins bizarres. Je pense notamment aux mouvements sectaires et ça c’est vraiment révoltant. Il y a des gens qui profitent de cette soif d’intensité de vivre, de vérité intérieure. Ils en profitent pour leur faire gober n’importe quoi. Il faut vraiment avoir du discernement.

Qu’est-ce que vous diriez à quelqu’un qui hésite encore à lire un livre de développement personnel ou de spiritualité, par peur d’être manipulé ?

Je dirais que le plus grand danger c’est justement la peur.  C’est un ennemi.
Il faut se faire confiance, développer son intuition car nous avons tous une intuition !  Je lui dirai qu’il n’y a jamais de hasard et qu’un livre peut lui faire gagner du temps s’il a envie de changer, d’évoluer, de bouger dans sa vie. S’il se sent en demande de quelque chose sans savoir ce que c’est exactement, là, je pense qu’on peut lui dire qu’il y a ces librairies qui proposent des livres qui peuvent être très intéressants. Au milieu de 500 bouquins, il y en a un pour toi. Alors tu rentres, tu fais confiance à ton intuition et elle va te guider vers quelque chose qui va t’être utile et de toutes les manières qu’est-ce que tu risques ? Qu’est-ce que tu perds ? Cela peut te faire avancer et ça peut apporter quelque chose. N’hésites pas.

Il y a peu de littérature enfantine sur ces domaines là.  Aimeriez-vous faire des livres de développement personnel ou de spiritualité pour les enfants ?

Oui !
Alors ça, j’y pense depuis longtemps. C’est vrai que c’est quelque chose que j’ai envie de pousser mais je n’ai pas encore trouvé comment le faire. J’ai même pensé que je pourrais écrire une histoire pour les enfants et que ma fille, qui est illustratrice, pourrait faire les dessins. Je suis bien d’accord avec vous. C’est vrai qu’il n’y  a pas beaucoup de livres dans ce domaine là. J’ai vraiment envie d’écrire pour les enfants mais qu’est-ce qu’il faudrait développer pour les enfants, c’est la question…

 


Un grand merci à Michel Jonasz pour sa disponibilité et sa bienveillance durant cette interview !
Si vous êtes auteur et que vous avez un manuscrit à proposer, n’hésitez pas à contacter les éditions Michel Jonasz. Les ouvrages qu’ils éditent sont un peu la crème des livres de développement personnel, la vache pleine de conscience ou encore l’Oracle de l’Inde éternelle en sont des exemples.

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