Camille Sfez a sorti un livre sur le féminin sacré « La puissance du féminin » le 27 février. J’ai été invité avant sa sortie à participer à une cérémonie en forêt en janvier. N’écoutant que ma curiosité, j’ai dis oui, sans vraiment savoir à quoi m’attendre.
L’aventure « Retrouvailles avec mon féminin » commençait.
Le féminin sacré, les tentes rouges, les cérémonies de l’utérus… Les médias et réseaux sociaux en parlent beaucoup depuis plusieurs mois.
« Encore un truc de bonnes femmes » diront certains, « les féministes se réunissent » ricaneront d’autres, ou encore, certains penseront à « une réunion d’illuminées en forêt ».

Même si je suis très curieuse et ouverte d’esprit, j’avais quand même en tête l’image d’un groupe de filles un peu barrées qui font une cérémonie début janvier dans le froid au milieu d’une forêt… Etrange !! Et j’allais en faire partie !

L’arrivée du mail d’explication n’a rien arrangé : Cérémonie du sang des lunes : verser son sang à la terre. Pourtant la curiosité et quelque chose d’encore plus profond en moi, ont résonné comme un appel et m’ont poussé à participer.

La préparation – le mois précédent la cérémonie :

Afin de pouvoir vivre la cérémonie du sang des lunes, il fallait récolter le sang de mes lunes. Jolie formule pour signifier le sang des règles.

Premier souci pour moi qui  utilise le tampon depuis des années. Je ne baisse pas les bras, c’est pas une Cup qui va me faire peur… 30min plus tard devant les différentes boites et tailles, je n’avais plus vraiment le même discours.

La cup comment dire… ça s’apprivoise.

Il faut apprendre et comprendre comment la placer et surtout ne pas paniquer quand on n’arrive pas à l’enlever. Si c’est le cas, faites comme moi, appelez une amie qui en porte une depuis des mois. Une fois rassurée, et lorsque vous aurez compris que plus vous paniquez, moins vous êtes capable de la retirer. Prenez un bain.
Détendre le corps permet aussi de relâcher en conscience le périnée et donc de retirer la cup plus facilement.

Je dois vous avouer que ma première récolte a été teintée de dégoût.
L’idée que les femmes sont impures pendant leurs règles, que le sang que nous perdons est sale, et tout ce discours  honteux autour du tabou menstruel résonnait en moi et me montrais combien j’étais encore sous son influence.

J’ai récolté mes lunes tous les jours de mon cycle dans une petite bouteille ambrée que je cachais au fond du frigo derrière mes bouteilles d’hydrolats, comme un secret ou quelque chose de honteux. Il y avait pourtant une joie et un excitation à le faire.

Le jour de la cérémonie :

Le rendez-vous était donné sur le quai de la gare, j’ai vite repéré le groupe de femmes souriantes, je m’attendais à ce que nous soyons une dizaine maximum.
Mais nous étions 31 ! 31 femmes !

Je m’étais dis que si la personne qui organisait la cérémonie avait un look ou un comportement étrange, je faisais demi-tour. Je me suis approchée un peu timidement du groupe, et j’ai été accueillie par le sourire chaleureux et rassurant de Camille. Pas de plume dans les cheveux, pas de vêtements bariolés, ni de sourire béat agrémenté de mudras.

Une simplicité et une authenticité qui va droit au coeur.

Marche en foret
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Une fois arrivée dans la forêt de Fontainebleau, Camille nous explique comment va se passer notre journée.
Par groupe de 3, nous échangeons quelques minutes pour expliquer pourquoi nous sommes là, ce que nous attendons de ce moment et nous créons un lien qui permettra de vérifier tout au long de la journée si nous sommes toutes là et si tout le monde va bien. Être responsable de son chemin mais aussi de celui de l’autre.

Entrer dans la forêt c’est comme passer une porte, on y entre en conscience. Nous partons pour 45 min de marche en silence. Chacune à son rythme, ce silence au début un peu étrange me parait soudain réconfortant, rassurant. Une fois que mon mental se tait, j’ai l’impression de découvrir des couleurs incroyables et tellement vives. Le bruit de nos pas, des petits animaux dans les buissons, de l’eau qui coule, le chant du vent dans les arbres, et les branches qui craquent. Je me sens hors du temps !

La pluie se met à tomber et nous sommes quelques unes à râler ou souffler.

Camille lance avec joie « Nous sommes bénies ! »

Je souris, ferme les yeux et le visage tourné vers le ciel j’accueille cette bénédiction. La façon de voir les choses est capable de changer le négatif en positif ! J’observe tout au long de la marche avec curiosité toutes ces femmes. Si différentes les unes des autres, de tous les âges, milieux sociaux, origines mais toutes réunies ce jour pour cheminer vers notre féminin. Certaines sont très sérieuses, d’autres sourient, d’autres font des câlins aux arbres ou aux rochers. Personnellement j’apprécie sentir les écorces ou les textures des rochers sous mes doigts, et surtout j’en prend plein les yeux ! Les couleurs me semblent tellement vives et magiques, comment la nature arrive à faire des choses aussi belles ! Je suis émerveillée.

Nous arrivons dans une clairière, et créons un cercle. Le thé, les gâteaux et fruits secs circulent, comme si nous avions toujours été en communauté. C’est vraiment la seconde chose qui m’a émerveillé, ce naturel avec lequel nous redevenons un clan. Camille et trois autres femmes sortent leur tambour et entonne un chant afin d’ouvrir la cérémonie. J’ai l’impression de voyager à travers les temps, les pays et les âges.

Pourquoi verser son sang dans la terre ?

Cérémonie sang
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Camille nous donne un enseignement, comme les anciennes pouvaient conter aux plus jeunes. Dans la tradition amérindienne, ce que nous vivons tous le long du mois s’inscrit sur les parois de notre grotte, notre utérus, comme des dessins, des écritures ancestrales. Au moment de nos lunes, ces parois se détachent, en les récoltant pour les verser en conscience dans la terre, nous actons le fait que ce se soit passé mais aussi que cela n’a plus lieu d’être.

La tradition raconte aussi que lorsque « les femmes auront suffisamment versé leur sang dans la terre, le sang des hommes cessera de couler. » Il y a une force, une puissance, un symbole dans le sang des femmes qui nous dépasse, et dont nous ne sommes pas forcément conscientes de nos jours, mais qui est en train d’émerger.

Ma sensibilité aux énergies subtiles a rendu le moment incroyablement magique, j’ai eu la sensation que tous les arbres de la forêt répondaient à nos chants, et formaient un cocon autour de nous pour créer un espace de liberté et de protection ; le vent chantait à l’unisson et même les corbeaux, mon animal totem étaient de la partie ! Un moment féérique, la forêt de Fontainebleau est vraiment incroyable et très vivante.

 Puis nous sommes chacune partie déposer notre sang. Pour celles qui n’ont plus leurs lunes ou qui n’avaient pas pu les récolter un peu de tabac, plante sacrée pour les chamans ou une mèche de cheveux. A nouveau, la symbiose du groupe m’a impressionné. Chacune est partie trouver le lieu pour déposer son sang, et à aucun moment je n’ai croisé une autre femme. Je me suis laissée guider par mon intuition et j’ai trouvé le lieu qu’il me fallait. J’ai déposé en versant mes lunes tout ce qui n’avait plus lieu d’être dans ma vie, ce que je ne veux plus, ce qui est terminé…

Symboliquement c’est très fort.
Puis nous nous sommes réunis pour annoncer chacune notre tour, debout au milieu du cercle ce que nous appelions pour 2018.

 Après avoir chanté ensemble pour clôturer la cérémonie, nous sommes reparties avec beaucoup de joie sur le chemin forestier nous menant à la civilisation.

Beaucoup de choses ont bougé pour moi depuis la cérémonie. Un regard neuf sur mes règles, une croyance sur l’impureté envolée. Un questionnement très profond sur mon féminin bien évidemment mais aussi sur mon masculin intérieur. Nous sommes tous fait d’une part yin et d’une part yang, cette cérémonie m’a ouvert les yeux sur le fait que ni l’un ni l’autre chez moi n’était juste. Ce retour d’expérience peut sembler étrange, et très intime mais le partager était important pour moi.

Je pense que beaucoup de choses reliées au féminin et à la puissance féminine ont été oubliées, tus depuis des siècles. Les femmes sont en train de retrouver la mémoire à travers ces rencontres, ces retrouvailles entre elles.
Ne plus être les unes contre les autres, ennemies, prédatrices, voleuses d’hommes, séductrices mais bien des soeurs. Cette cérémonie, la rencontre avec Camille Sfez que je partagerais dans une interview, le livre et tout ce qui a pu abreuver mon féminin ces derniers temps a ouvert une porte en moi. Une compréhension, une vision des choses différentes et beaucoup d’interrogation. Mais quel beau chemin que celui du sacré ! Ici, nous parlons du féminin sacré mais le masculin sacré, le couple sacré a tout autant d’importance, alors vraiment n’hésitez pas à partager vos expériences, questions… en commentaire.

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Puissance du féminin
Par Camille Sfez
Préfacée par Monique Grande
Aux éditions Leduc.S

Prix : 18 €

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