La qualité de vie au travail est un sujet dont tout le monde parle. Aujourd’hui, on parle moins de Risques Psycho-Sociaux que de bien-être au travail, voire même de bonheur au travail. Un changement de point de vue salvateur qui remet l’humain au centre de l’entreprise.
Le 13 juin dernier, nous avons assisté au lancement de la 13ème édition de la Semaine pour la qualité de vie au travail (SQVT) organisée par l’Anact, l’Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail.

La 13ème édition de la SQVT

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La SQVT est destinée à promouvoir la qualité de vie au travail auprès des entreprises, à diffuser les meilleures pratiques susceptibles d’améliorer la satisfaction des salariés et la performance des entreprises. Ce rendez-vous annuel, depuis sa création en 2004, est devenu incontournable dans la vie sociale et économique française. Chaque année, avec une thématique particulière, est fait le point sur les enjeux ainsi que sur les actions concrètes mises en place.

Cette année, la 13ème édition avait pour thème « Mieux travailler à l’ère du numérique ».

Le numérique est largement traité par les médias, mais ses effets sur l’organisation du travail et plus concrètement sur les modalités de l’installation de cette nouvelle organisation ne sont pas vraiment abordées.
De quelle façon le numérique transforme le travail ? Le numérique ni uniquement bon, ni mauvais, quels sont les risques et opportunités qu’il génère sur les conditions de travail et quelles sont ses répercussions au niveau du management et des relations sociales dans les entreprises ?

Au quotidien, l’usage du numérique a complètement bouleversé notre vie, nos façons de communiquer, d’appréhender le monde, de nous informer. Impossible de faire sans, désormais. Dès le plus jeune âge, le numérique est à portée de doigt de nos bambins.

Au niveau professionnel, cela offre plus de flexibilité et d’autonomie (télétravail) aux salariés et réduit les coûts pour les entreprises, mais le numérique peut aussi détériorer les conditions de travail : contraintes excessives de réactivité, intensification du travail, renforcement du contrôle de l’activité… La connexion permanente n’offre pas que des avantages. Les frontières entre la vie privée et la vie professionnelle sont brouillées voire inexistantes, des situations d’isolement ou de sur-engagement, d’hyper responsabilisation apparaissent. On se trouve vite face à des risques psychosociaux, d’épuisement (Syndrome de débordement cognitif). Alors, en absence de régulation adéquate les effets du numérique peuvent vite devenir négatifs et difficiles à gérer.

Un encadrement par des règles claires en matière de relations sociales s’impose. Les entreprises se voient contraintes de revoir leurs postures managériales au niveau d’équipes, de contrôle, d’évaluation etc.

La transformation numérique actuellement en marche est porteuse de promesses et d’opportunités autant que de menaces, les schémas traditionnels étant bousculés. Les relations sociales sont à repenser : de nouveaux objets de négociation, de nouvelles formes de protection et de prévention.

C’est donc lors de cette 13éme édition que l’ANACT a voulu donner toute la place aux questions liées à cet aspect de l’impact de l’usage des technologies numériques.

Concrètement…

Voici les principaux événements qui ont eu lieu lors de cette édition.

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Un colloque le 13 juin à Paris au Forum des Images sur le thème principal organisé en partenariat avec Orange, Malakoff Médéric, La Poste et la Fing, pour confronter des regards d’experts et des retours de pratiques autours de 3 tables rondes. Elles ont eu pour sujet les effets de la transformation numérique sur les conditions du travail, tels que la dispersion, la déconnexion, le surtravail ; sur l’organisation du travail et de nouveaux modes de management collaboratif ; et sur le dialogue social et ses enjeux, avec de nouveaux cadres de régulation à mettre en place.

La diffusion (au cours du colloque ci-dessus) des résultats du sondage TNS Sofres réalisé en ligne en mars 2016 auprès de 1003 salariés actifs occupés, 205 chefs d’entreprises ou DRH. Cette enquête a démontré une vision plutôt positive de la transformation numérique en entreprise.

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Pour plus de 60% des salariés le terme « numérique » évoque quelque chose de positif dans leur travail, idem pour plus de 88% de chefs d’entreprise. En majorité, ils se sentent à l’aise avec les nouvelles technologies et les voient comme une opportunité nommant surtout la simplification et la souplesse comme principaux bénéfices. Plus de 85% des salariés et 90% de chefs d’entreprises estiment que l’usage du numérique a un effet positif sur leur qualité de vie au travail.

L’Anact néanmoins considère que cette enquête mérite d’être nuancée, car le terme « numérique » ne veut pas dire la même chose pour chacun d’entre nous. Et puis d’autres enquêtes pointent également des effets négatifs du numérique. Il y a également un décalage entre ce que démontrent les résultats de ce sondage et les débats actuels à propos du droit à la déconnexion.

Un programme dédié (conférences, tables rondes, visites d’entreprise, échanges entre experts, films, expos, concours…) a eu lieu dans les différentes régions françaises tout au long de la semaine organisé par les Aract (antennes régionales de l’Anact) et leurs partenaires. Parmi les principaux événements : « Vis mon travail » où les salariés de la même entreprise pouvaient échanger temporairement leurs postes, ou « Pass-conseil », la possibilité de bénéficier d’un rendez-vous personnalisé avec un chargé de mission Aract.

Des exemples des actions menées pour l’amélioration de la qvt

Voici ce que deux des partenaires de l’Anact, Orange et le Groupe La Poste ont partagé sur leurs expérimentations et initiatives concrètes pour s’adapter à la transition numérique ou pour accompagner leurs publics en ce sens.

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La Poste :

La Poste a mis en route un programme très ambitieux de transformation et d’accompagnement qui vise à améliorer sensiblement le bien-être des salariés impactés par l’utilisation du numérique.

Un e-learning « Tous numériques ! » est proposé aux postiers pour leur donner les clés pour bien comprendre le numérique et leur fournir des outils de travail adaptés.

Déjà en 2015, les 73000 facteurs et leurs managers ont été équipés d’un smartphone qui leur permet d’avoir les informations et outils nécessaires lors de leur tournée, de proposer de nouveaux services et qui généralise la traçabilité des opérations. La même année l’accord pour l’égalité professionnelle introduisant le droit à la déconnexion pour tous les postiers a été signé.

Plus de 1400 postiers à ce jour bénéficient du télétravail. Une enquête menée un an après la mise en œuvre de ce procédé démontre que 99% des télétravailleurs interrogés en sont satisfaits. 81% se sentent aussi plus motivés.

Orange :

L’entreprise, un acteur majeur sur la scène du numérique et exemple pour d’autres entreprises en la matière, est engagée depuis déjà plusieurs années dans une démarche d’amélioration continue de la qualité de la vie au travail dans tous les domaines : la santé, la sécurité, l’organisation du travail…

Pour faire face aux nouveaux enjeux liés au digital, Orange met en place des actions comme passeport digital pour acculturer, équipement des salariés « tous en 4G », télétravail pour des milliers de salariés, développement d’outils favorisant le travail en transverse, etc. Beaucoup d’investissements ont été faits dans le domaine de la formation (par des organismes extérieurs, des ateliers organisés entre pairs, par des ambassadeurs digitaux volontaires en interne).

Les évolutions liées à l’avènement du numérique se traduisent aussi dans les espaces de travail collaboratifs modulables, dans la mise en place des outils facilitant le travail collectif avec des salariés à distance (le mur digital) et dans la mise à disposition d’équipements qui fluidifient et simplifient la vie au travail de tout le monde.

Toutes les solutions mises en place par Orange sont systématiquement testées avec les salariés.

Avec toutes les actions engagées pour la QVT, Orange pointe tout de même le fait que la réalité est bien plus difficile que la théorie. Le client, devenant très exigeant car il est très bien informé via tous les outils numériques à sa disposition, est de plus en plus acteur de la réalité de l’entreprise qui doit être à la hauteur dans ses réponses.

Parmi d’autres points de difficultés relevés par Orange sont les coûts à engager pour cette transformation. Le chiffrage est difficile car sans précédent. La protection des données personnelles des salariés en est un également. Beaucoup de négociations avec des organisations syndicales sont en cours pour trouver des compromis.

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En conclusion, les contours de la qualité de vie au travail ne sont pas encore stabilisées ni unanimes, tant pour les DRH que les directions et les partenaires sociaux. Par ailleurs, la culture des entreprises par rapport à ces sujets sont très variables. Mais il est important de souligner après tout que l’entreprise n’est pas la seule responsable : on peut prévenir ou guérir des situations à risques au travail mais des accords ne suffisent plus, les mentalités doivent évoluer et les pratiques se poser dans la durée. Les collaborateurs, les collègues sont souvent la solution la plus simple au mal-être au travail et cela reste une ressource très importante mais souvent inutilisée. Nous sommes tous acteurs du bien-être individuel et collectif en milieu de travail…