La rencontre BEST, Bien-Être et Santé au Travail a eu lieu le 19 janvier 2016 dans le magnifique Palais Brogniart et rassemblait les professionnels de la qualité de vie et de la santé au travail. De nombreuses conférences proposées par les exposants, se sont succédé tout au long de la journée et toute la difficulté pour le visiteur était de réussir à faire son choix dans le programme très dense de cet évènement.
J’y étais et j’ai pu live-twitter certaines conférences malgré le #Twitter-Down qui a complètement désorganisé ma TimeLine.
Bref, voici sur ce que j’ai pu entendre au cours de cette journée.
Qualité de vie au travail : De l’environnement à l’individu
La manière de considérer la ressource humaine dans l’environnement du travail a fortement évolué depuis une quinzaine d’années. Il n’y a pas encore si longtemps, on parlait encore de RPS, de risques psycho-sociaux. Maintenant, on parle de Qualité de Vie au Travail. On a fait de la prévention une priorité.
Les drames humains qui se sont joués dans les grandes entreprises que sont Orange ou La Poste ont fortement impacté la fonction et le rôle des ressources humaines. Aujourd’hui, de nombreuses grandes entreprises prennent à coeur le stress de leurs employés et cherchent à le réduire en proposant des mesures organisationnelles qui bouleversent nos usages : Télétravail, nomadisme (plus de bureau attitré), services dédiés aux collaborateurs (conciergerie…).
Ainsi, le DRH de Bouygues Télécom a expliqué qu’il avait proposé à ses collaborateurs qui le souhaitaient (et dont la fonction le permet) de travailler depuis chez eux. Aujourd’hui, 30% des salariés de Bouygues Télécom ont recours au télétravail au moins un jour par semaine sans préférence de jour en particulier. 91 % des managers disent que cette pratique n’impacte en rien le fonctionnement de leurs services.
Ces nouvelles pratiques organisationnelles impliquent un management différent, un management par la confiance et non plus par le contrôle, et ça, en France, on a encore du mal !
Le Québec était présent parmi les intervenants de BEST. Ils nous ont apporté une vision de la Qualité de vie au Travail (QVT) bien plus centrée sur l’individu. Les québécois disent que nous avons développé beaucoup de méthodes organisationnelles pour répondre à des problématiques de gestion du stress, là où, les canadiens et les américains se sont centrés davantage sur l’individu : Ses habitudes de vie, son équilibre vie privée / vie professionnelle, son environnement de travail, ses pratiques de management. Ces axes de développement pour la QVT visent la performance collective, économique et sociale car des collaborateurs en santé, signifie une entreprise en santé. Si aujourd’hui, on parle de Qualité de Vie au Travail, les québécois pensent que d’ici quelques années, on parlera plutôt de Qualité du Travail.
La notion de COS : Syndrome de débordement cognitif
Qui n’a jamais répondu à un mail perso pendant ses heures de travail ?
La porosité entre vie privée et vie professionnelle n’est plus à démontrer. Les nouvelles technologies (TIC) ont profondément modifié notre rapport au travail : il nous arrive de vérifier nos mails pro alors que nous faisons la queue au supermarché et parfois d’y répondre après le coucher des enfants… La question qui se pose alors est la suivante : Quand le temps de travail s’achève-t’il réellement ?
La loi dit que tout salarié doit bénéficier de 11 heures de repos consécutifs entre deux journées de travail. Pourtant avec les nouveaux outils, Smartphones, tablettes ordinateurs ultra-compacts, nous sommes hyper connectés et parfois confrontés au techno-stress. Selon certains, nous expérimentons la troisième révolution industrielle et les outils ont progressé bien plus vite que nous n’avons eu de temps pour les maîtriser. Les salariés peuvent être soumis au syndrome de débordement cognitif : toujours connectés au travail, les TIC ne laissent que peu de temps de cerveau pour faire autre chose. Et ça peut être l’explosion/implosion pour le salarié.
Il est de la responsabilité de l’entreprise d’informer/éduquer le salarié sur la manière d’utiliser les TIC. Les notes de services internes mais aussi le contrat de travail sont des voies pour réaliser ce travail d’information et se préserver des répercussions juridiques, pénales et financières en cas de débordement.
Même si on ne pourra jamais empêcher un chef d’entreprise de travailler la nuit, il ne doit pas exiger de son employé une réponse sur ses heures de repos. La loi est très claire sur ce point.
L’entreprise a une obligation de moyen pour prévenir ce type de débordement. Certaines entreprises comme Volswagen bloquent la réception des e-mails sur les smartphones à partir d’une certaine heure pour obliger la déconnexion. Un moyen comme un autre. L’éducation est également une voie à explorer.
Prendre soin de la santé individuelle : Une responsabilité de l’entreprise
Depuis la loi ANI, l’entreprise est contrainte par l’Etat de proposer une mutuelle de santé à ses salariés.
Certaines entreprises vont bien plus loin dans la prise en charge de la santé du salarié en déployant la norme québécoise « Entreprises en Santé ». La maladie impacte directement la performance économique d’un pays et son PIB. Alcoolisme, diabète de type II, cholestérol, maladies cardio-vasculaires, toutes ces pathologies pourraient bénéficier d’une meilleure prévention si les entreprises jouaient un rôle plus important dans leur dépistage.
C’est le cas de l’AFNOR qui déploie la norme québécoise. L’objectif est de préserver la santé du salarié pour améliorer la performance sociale et économique. Cette norme centrée sur l’individu explore différents axes dont celui des habitudes de vie. Accompagnement au sevrage tabagique, dépistage précoce du diabète et/ou du cholestérol, ateliers culinaires pour expliquer et informer sur les bonnes pratiques alimentaires sont des méthodes qui nous paraissent encore intrusives en France dans notre vision de la QVT ; et pourtant cette norme appliquée dans de nombreuses entreprises canadiennes aurait démontré sa rentabilité : réduction des arrêts maladie, réduction de l’absentéisme et du Turnover, meilleure productivité, maintien du coût de la mutuelle au fil des années grâce à une consommation maîtrisée…
QVT : La France a encore du chemin a faire….
En matière de Qualité de Vie au Travail, il semble que la France ait encore du chemin à faire.
Même si nous sommes très forts pour l’organisation du travail, nous rechignons à investir la sphère individuelle du salarié pour lui apporter du soutien et de la prévention quant à sa santé.
S’il est plus simple pour les grosses entreprises d’appliquer des normes de QVT comme celle d’Entreprises en Santé, n’oublions pas que le tissu économique est composé très majoritairement par des petites entreprises qui ne disposent pas des mêmes moyens. Il appartient à chacun de faire sa part du chemin pour prendre soin de sa santé en bonne intelligence.
certaines entreprises adoptent une démarche de qualité de vie de travail, initiée par un projet participatif et collaboratif, évaluée par des indicateurs de suivi des plans d’action, pilotée par un well-being manager : http://www.officiel-prevention.com/protections-collectives-organisation-ergonomie/psychologie-du-travail/detail_dossier_CHSCT.php?rub=38&ssrub=163&dossid=472