Comment ? qu’est ce que vous dites ?
Dans le meilleur des cas, les personnes malentendantes font répéter leurs interlocuteurs pour bien pouvoir suivre la conversation. Hélas, pour bon nombre d’entre elles, ces problèmes d’audition les isolent, parce qu’elles n’osent pas faire répéter une énième fois leur interlocuteur.
C’était le cas de mon père qui finissait par se taire et sourire dans les dîners familiaux. Il ne parvenait plus à suivre le rythme des conversations et ne voulait pas être une gêne pour les entendants en faisant répéter plusieurs fois celui qui prenait la parole. Ainsi il évitait de provoquer l’exaspération de l’auditoire.
J’ai toujours connu mon père malentendant. Ses oreilles ont fait les frais d’un milieu professionnel particulièrement bruyant et malheureusement la surdité n’est pas réversible. Les cellules hyper spécialisées de l’oreille ne se régénèrent pas. Depuis, il a fait l’acquisition de prothèses auditives ; un investissement financier conséquent qui a changé son rapport au monde.
La perte de l’audition concerne 40% des 60-70 ans et plus de 50% des plus de 80 ans. Pour autant, seulement 32% déclarent avoir réalisé un contrôle de leur audition il y a moins de 5 ans, et 52% ont effectué un test il y a plus de 10 ans ou jamais. (Enquête JNA – IPSOS 2013 « Les seniors et l’audition »)
Bien que 93% des seniors interrogés accepteraient de s’équiper en aides auditives (Enquête JNA – IPSOS 2013 « Les seniors et l’audition »), seulement 34% des personnes ayant besoin d’appareillage le sont réellement.
Si les retraités sont les premiers clients des prothésistes auditifs, bientôt des plus jeunes pourraient franchir le seuil de ces boutiques hyper spécialisées. Le risque sanitaire est sérieux.
La réglementation protège les oreilles des travailleurs mais quid de celles de nos enfants ?
Des parents souhaitant développer l’oreille mélomane de leur progéniture ou bien les endormir avec une berçeuse leur mettent des casques dès leur plus jeune âge. Pire, la dernière trouvaille des objets connectés est un haut parleur que l’on place directement dans le vagin de la femme enceinte pour une meilleure diffusion de Mozart ou de Maître Gims. On touche le fond…
Il est mondialement reconnu que l’oreille est en danger au-delà de 80 dB pendant 8h. A 100 dB, l’exposition sonore devrait être limitée à quelques minutes pour éviter les lésions graves. Pourtant, dans les faits c’est rarement le cas : concerts de Rocks, RER qui freine, un voisin qui perçe le mur mitoyen de votre chambre, de préférence un samedi matin… Consoles de jeux vidéos… etc…
Selon la dernière enquête JNA–IPSOS, plus de 1 jeune sur 5 souffrirait en France d’une perte auditive.
Des chiffres qui alertent…
49% des jeunes interrogés a déjà ressenti une douleur aux oreilles, dont 21% ressent une douleur fréquente et durable. Encore plus grave, suite à ces douleurs, 59% des jeunes attend que ça passe au lieu de consulter, voire même d’en parler.
Bien qu’ils annoncent être sensibilisés et informés sur les risques auditifs, la menace d’un trouble de l’audition leur paraît loin. La conscience des risques est donc totalement absente.
Pour 70% des jeunes interrogés, la crainte de perdre l’audition arrive bien loin après celle de perdre la vue.
Voir la dernière enquête JNA-IPSOS sur l’audition des jeunes
Les pratiques d’écoute des jeunes d’aujourd’hui entraîneront inévitablement un vieillissement précoce de leur audition. Il y a lieu de parier que le phénomène de presbyacousie apparaîtra donc beaucoup plus tôt. « On peut même imaginer qu’un jeune d’aujourd’hui aura l’audition d’un senior de 65 ans, dès l’âge de 45 ans » rappelle Jean Stanko, président de l’association JNA.
Le 10 mars est la journée nationale de l’Audition, une journée de sensibilisation que je me devais de soutenir car il est urgent d’agir. Selon l’association JNA, le développement d’une vraie politique de prévention constitue un levier pour améliorer le niveau de santé auditive des Français.
Alors, on baisse le son :-) Comme dirait Philipe Katerine.
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