En France, on est obsédé par les sectes, les déviances sectaires.
La télévision, dans les années 80/90, en faisait même des émissions.
Pendant mon adolescence, j’ai regardé avec attention et frayeur ces reportages comme pour mieux comprendre les pièges à déjouer si jamais le destin décidait de mettre une secte sur mon chemin. J’ai même fui consciencieusement les groupes à l’école pour éviter de me retrouver manipulée. On ne sait jamais…
Une secte est si vite arrivée !!
Lorsque j’ai débarqué à Paris, la mode était à la Scientologie.
Ma soeur, déjà en place dans la vie parisienne et formée aux us & coutumes locales, m’avait interdit de prendre un prospectus d’une main tendue. Car c’était une main de scientologue.
–Non, ne prends rien de ces gens, ne parle à personne à Paris. Sinon tu vas finir lobotomisée dans une pièce sans fenêtre. Ils font des lavages de cerveau et tu ne reconnaîtras plus ta famille…
Et on aura aucun moyen de te retrouver ! Tu ne regardes pas la télé ?!? Ne parle pas aux gens que tu ne connais pas, on est à Paris ici !
-Ah oui, pardon…
On avait déjà pas le droit de parler aux gens qu’on ne connaissait pas dans notre petite ville de 3 000 habitants, ça n’allait pas changer mes habitudes! Cela dit, je n’étais pas encore entraînée à ces nouvelles pratiques : refuser les prospectus/flyers tendus.
Dans ma petite ville de campagne, les gens ne distribuaient pas de prospectus à la sortie du métro. Il n’y avait pas de métro. A la rigueur, une petite feuille récap à l’église pour rappeler les prières ou l’enchaînement des chants. Mais c’est tout.
Donc, j’appris à dire : -Non merci.
Sans même un regard.
J’appris aussi à ne pas dire bonjour aux gens dans le métro, puis par extension dans les magasins, les lieux publics…
On est à Paris, Ici !
Lorsque j’étais à la fac, je rêvais de jouer aux jeux de rôles. Mais selon les reportages diffusés à la télé on risquait de devenir satanistes ou pire de rester prisonnier de son rôle et de finir en HP. Enfin ça, d’après ma mère.
Plus tard j’ai essayé les jeux vidéos d’abord en solo. Je connaissais les risques. Je respectais les pauses toutes les deux heures et surtout je n’oubliais pas de m’alimenter et de m’hydrater.
Ensuite je suis passée aux jeux de rôle en ligne, les jeux massivement multijoueurs, ça rigolait plus. Jusqu’au jour où l’on m’a proposé une IRL ou rencontre In Real Life, dans la vraie vie.
C’est là que je me suis rendue compte que j’avais peur des autres.
-Euh, non merci, j’ai macramé…
Plus tard, inconsciemment ma peur des groupes m’a encouragée à choisir de travailler dans de petites entreprises, à taille humaine (TPE). Impossible pour moi de faire du sport en groupe, on ne sait jamais qui on peut rencontrer. Au mieux une secte, au pire un psychopathe.
Impossible d’aller à une conférence dont le sujet m’intéresse. Trop de monde. Il m’est même arrivée d’être dans l’incapacité de faire mes courses. (Rare)
Ce n’est que depuis peu, que je me suis libérée de cette paranoïa. Je revis !
Comment ?
Via une thérapie, mais une thérapie qui est aujourd’hui soupçonnée d’être déviante, en raison d’un rapport du sénat sur les dérives sectaires et thérapies déviantes.
La technique thérapeutique dont je bénéficie n’est pas menée par un psychiatre ou un médecin mais juste un thérapeute qui a toutes les qualités requises d’écoute et de bienveillance pour me faire progresser. Qualités qui parfois font cruellement défaut à certains médecins, psychothérapeutes, infirmièr(e)s… etc…
Ce thérapeute a été formé par un autre thérapeute dans un centre de formation et ne dispose pas de titres universitaires en psychologie ou en médecine. Et comble d’horreur, j’ai trouvé ses coordonnées sur internet.
Cependant la sophro-analyse, la psycho-généalogie, les constellations systémiques & familiales sont autant d’outils qui ont permis de me libérer et qui continuent de le faire.
Hier soir, en lisant ce rapport (318 pages quand même, merci la lecture rapide !), je me suis dit que si j’avais lu ce rapport il y a un an, il aurait sans doute appuyé ma paranoïa et empêché toute possibilité d’amélioration.
Toute possibilité de révolutionner ma vie.
Je trouve louable que le gouvernement cherche à protéger ses citoyens de toute manipulation mentale mais les méthodes sont mauvaises et ne font qu’accroître la paranoïa ambiante en mettant dans le même sac : guérisseurs, scientologues, magnétiseurs, naturopathes, kinésiologues, gourous & gourelles (j’ai appris un nouveau mot ! c’est le féminin de gourous ;) ) etc…
C’est à croire que nous, clients, n’avons pas de libre arbitre et que nous sommes incapables de mesurer ce qui est bons pour nous.
Le sujet pourrait être longuement débattu parce qu’il y a beaucoup de choses à dire sur ce rapport. Mais, franchement pour avoir vécu 35 ans de parano, je vous pose la question : Qui nous manipule le plus ?
L’état, la télévision, les thérapeutes ?
…
Trackbacks/Pingbacks