Un matin en prenant le RER, j’ai été interpellée par une des affiches 4×3 qui égayent nos stations. L’affiche délivrait un message sur fond sépia. Je n’ai pas eu le temps d’identifier la photographie, mais le message a résonné en moi d’une manière surprenante :
Un Français sur 4 est issu de l’immigration.

Immédiatement, ma pensée a été la suivante : Bon sang ! ça fait beaucoup !

Puis : Mais toi aussi, tu es une française issue de l’immigration !

Ah oui, c’est vrai, j’oubliais.
J’oublie souvent, en fait, que ma mère est une immigrée. Sans doute parce que la qualifier ainsi, c’est comme la dévaloriser à mes yeux.
Une immigrée.
Elle, qui à 17 ans, a traversé les montagnes à pied avec un passeur dans la fin des années 60 pour fuir la misère et le régime dictatorial pour se retrouver (avec d’autres) dans une ferme du Poitou, sur-exploitée, sous-payée et sans accès aux soins médicaux.
Une immigrée.
Elle comprit très vite que son salut était en France.
Apprendre la langue, s’intégrer dans le tissu social, côtoyer des français, mieux, en épouser un. Mais elle n’avait pas mesuré combien cela allait être difficile. Le racisme était là. Sournoisement installé dans sa belle famille. La haine et l’humiliation au quotidien.
Une immigrée.
Elle voulait juste sa part de bonheur.
Elle a eu sa part de malheur, en raison de ses choix.
Etrangère mariée à un français. Pas assez française pour les uns et trop française pour les autres.

Une immigrée, mais avant tout une femme, une mère, un être humain qui souhaite réussir sa vie.

D’elle, j’ai hérité ma faculté d’adaptation, ma capacité à prendre des risques, ma puissance de travail et la force d’assumer mes choix.


Une française issue de l’immigration, parmi tant d’autres.

Je vous invite à aller visiter l’exposition de photo de Gérald Bloncourt jusqu’au 31 juillet 2013 à la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration. « Pour une meilleure vie ». Toutes les infos sur le site.